LES CHÔMEURS SORTENT DE L'ORNIÈRE

L'ampleur croissante du mouvement des chômeurs et précaires nous amène les bonnes grâces larmoyantes des médias et la "reconnaissance" comme membre à part entière du corps social par les différents appareils politiques.

Mais pour nous doit-il s'agir d'attendre l'aumône d'un gouvernement (le milliard débloqué par Jospin ne correspond à rien si l'on considère les 10 millions de personnes touchées par le chômage et la précarité: tout juste 100 balles par personne), de participer à l'élaboration de lois contre l'exclusion, qui ne seront au mieux que de l'humanitaire bon marché arrosé de flicage social, ou de participer à un énième plan en faveur de l'emploi?

N'est-il pas temps de rompre une bonne fois pour toutes avec le mythe du plein emploi qui ne signifie rien d'autre qu'un esclavage renforcé, des conditions de vie qui se détériorent et plus de profit pour les entreprises de tout poil?

Car jusqu'ici la figure alarmante du chômeur a été instrumentalisée en terrorisme social par le système capitaliste afin faire accepter n importe quel boulot même le plus absurde, à n'importe quelles conditions. Et pourquoi ne pas créer des emplois de cireurs de pompes 10 heures par jour, 7 jours par semaine pour 2 F de l'heure? ....

N'est-il pas temps de s'interroger sur le sens de ce que l'on produit, de se poser ces questions essentielles: produire quoi? pour qui? pour quoi? comment? à quel coût écologique et social?

N'est-il pas temps d'arrêter de prendre comme critères des indicateurs économiques - croissance, Produit National Brut (PNB), Produit Intérieur Brut (PIB) - sensés mesurer la richesse produite, mais ne signifiant rien?

Exemple: le PNB augmente avec la pollution. Celle-ci est comptabilisée trois fois dans le PNB: quand elle est produite pour l'entreprise dans le cadre de la production de biens, quand on entreprend des mesures pour lutter contre elle, et à travers les soins médicaux donnés à ceux qui tombent malade à cause d'elle.
Où est la richesse dans tout ça?

Qu'on arrête donc de nous bassiner avec la reconnaissance sociale par le travail. Ne doit-on être reconnu qu'en tant qu'outil? Ne doit-on être que le monsieur qui pousse les boutons, la dame qui fait marcher la machine, etc.?

Nous sommes là, nous vivons. A nous de faire en sorte que soit le mieux possible. Retrouvons-nous dans tous les lieux que nous pourrons nous réapproprier pour discuter, débattre, nous organiser, lutter. Arrêtons de nous en remettre à ces spécialistes du mensonge de bois qui prétendent parler en notre nom.

A nous de décider de ce qui est possible, de ce que nous voulons, et des moyens pour l'obtenir. A nous de reprendre en main notre vie individuelle et collective.

A nous de nous réapproprier les moyens matériels que les possesseurs des pouvoirs politiques, financiers et médiatiques nous ont volés: REPRENONS TOUT.



[Revenus]